En 1983, l’organisation de l’archéologie au niveau national est encore balbutiante. L’archéologie préventive n’en est qu’à ses débuts (l’Afan existe depuis à peine dix ans) et les Services des antiquités ne constituent alors qu’un embryon des futurs Services régionaux d’archéologie, régissant actuellement l’archéologie en tant que services déconcentrés de l’État. Au sein du département, plusieurs associations d’archéologues bénévoles mènent des fouilles depuis de nombreuses années, avec des résultats scientifiques reconnus au niveau national, voire international, comme les fouilles du Mont Troté et des Rouliers menées par le Docteur Rozoy pendant plus d’une décennie (Rozoy 1987).

Plusieurs chercheurs bénévoles décident alors de créer une association destinée à fédérer la recherche archéologique dans le département des Ardennes. L’objectif est triple : favoriser le développement de la recherche archéologique, coordonner l’archéologie au niveau départemental (notamment pour lutter contre les fouilles clandestines) et développer l’activité de médiation pour créer un lien entre la recherche et le grand public. Cette dernière activité est d’autant plus importante que la recherche archéologique est financée essentiellement par le biais de subventions, donc l’argent public. C’est ainsi que naît le Centre ardennais de recherche archéologique (CARA), le 27 mai 1983.

Le dynamisme des équipes du CARA permet à l’association de développer de nombreuses activités complémentaires, qui balayent l’ensemble du champ de la discipline archéologique.

1. L’archéologie programmée

L’archéologie programmée est le principal objectif de l’association lors de sa création. Plusieurs dizaines d’opérations de fouilles ont pu être menées de 1983 à 2004, notamment dans la partie nord du département des Ardennes. Ces fouilles ont permis de révéler l’ampleur du patrimoine archéologique ardennais et sont notamment à l’origine des collections actuellement visibles au sein du Musée de l’Ardenne, Musée à vocation départementale. La qualité des fouilles est telle que certains sites font encore aujourd’hui référence au niveau international. Ainsi, le site Michelsberg de Mairy (fouillé par Clément Marolle) est encore aujourd’hui un des deux seuls villages de cette période fouillé exhaustivement en Europe (Cauwe et al. 2007). Les fouilles du CARA couvrent un vaste champ chronologique, du Paléolithique jusqu’au Moyen Âge. Elles démontrent qu’il n’existe pas de lacune chronologique dans l’occupation du territoire, depuis le Paléolithique moyen.

2. L’archéologie préventive

La reconnaissance de la qualité du travail du CARA conduit l’autorité administrative à confier à l’association la gestion de fouilles préventives importantes. Au début des années 1990, les travaux d’élargissement de la RN 51, devenue depuis l’autoroute A34, entraînent une opération d’archéologie préventive confiée au CARA. Plusieurs sites sont ainsi fouillés, comme celui du Courtil-l’Agneau à Saint-Pierre-sur-Vence. D’autres opérations plus modestes seront réalisées par la suite, comme le sauvetage de la fresque de Montcy-Saint-Pierre en 1999.

3. La mise en valeur des sites

Dans un souci de valorisation du patrimoine archéologique, tant à destination des habitants des Ardennes que pour favoriser le tourisme, le CARA s’est attaché à la mise en valeur des sites archéologiques mis au jour par ses membres. Ainsi, nombre d’entre eux peuvent être visités dans les Ardennes : allée couverte de la Ganguille à Saint-Marcel, Château des Fées à Montcy-Notre-Dame, Vicus de Villes-sur-Lumes ou encore la fortification du Mont-Vireux à Vireux-Molhain. Des projets sont actuellement en cours de développement, pour poursuivre cette démarche, notamment la mise en valeur du site de Roc-la-Tour, le seul campement magdalénien connu au nord de la Seine, grâce à l’installation de panneaux pédagogiques pérennes.

4. La médiation

Les activités de médiation occupent depuis les débuts de l’association une place importante. Elles ont pris plusieurs formes : interventions en milieu scolaire, avec l’agrément de l’Education nationale, expositions (1991, l‘Ardenne avant l’histoire au Château de Sedan, 1995, La Préhistoire au quotidien à la Vitrine du Département, 1997, Les Celtes, sur les traces de l’Histoire à la Vitrine du Département, 2008 Boucles mosanes) ou participation à des événements culturels (semaine du goût, Journées nationales de l’archéologie en collaboration avec le Musée de l’Ardenne). Ces interventions ont touché un public important dans le département, mais également à l’extérieur, puisque le CARA a également été sollicité en dehors des Ardennes, comme en 2009 avec une journée d’archéologie au Musée de la Princerie à Verdun. En outre, le CARA publie une série de bulletins scientifiques à destination du grand public, dont le sixième numéro est édité en 2010.

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