Dans le cadre d’un article méthodologique sur l’utilisation des clous dans l’architecture gauloise, en collaboration avec François Blondel (Université de Bourgogne), Valérie Taillandier (Université de Franche-Comté) et Jean-Paul Guillaumet (CNRS), nous avons réalisé un travail expérimental pour mieux comprendre les différentes techniques de fabrication des clous identifiées grâce à l’étude du corpus de l’oppidum de Boviolles.

Deux types de clous ont pu être distingués à partir de leur mode de fabrication. Le premier correspond à la majorité des découvertes. La tête et la tige du clou ne présentent aucune séparation, la tête s’évasant directement dans le prolongement de la tige. Le second type est plus rare. Il est caractérisé par une tête formée par le repli de l’extrémité de la tige (fig. 1). En l’absence d’explication fonctionnelle, les deux types de clou présentant les mêmes caractéristiques, nous avons avancé l’hypothèse d’une fabrication à l’aide d’outils différents, les clous à tête pliée étant réalisés sans cloutière. Deux expérimentations successives ont été réalisées, la première pour illustrer la technique de fabrication classique du clou (fig. 2), la seconde pour tenter de produire un clou sans l’aide de la cloutière (fig. 3).

Fig. 2 Forgeage d’un clou suivant la méthode classique. La tige et la pointe sont forgées et chutées. L’ébauche est insérée dans la cloutière et la tête formée par une simple frappe (© CARA, Dominique Pieters).
The nail is forged with the classical method. The rod and the point are forge and cut. The draft is put in a nail header and the head is forge with a simple hit (© CARA, Dominique Pieters).

Fig. 2 Forgeage d’un clou suivant la méthode du repli. Malgré plusieurs essais, il est impossible de terminer la mise en forme sans la cloutière (© CARA, Dominique Pieters).
The nail is forged with the bending method. Despite several tests, it is impossible to acheve the formation without nail header (© CARA, Dominique Pieters).

Le résultat de l’expérimentation montre qu’il est impossible d’achever la mise en forme de la tête du clou sans utiliser de cloutière. Il ne s’agit donc pas d’une technique de fabrication utilisant des outils différents. Si l’on tient compte de la rareté de ces clous, une autre hypothèse permettrait d’expliquer leur existence. Il pourrait s’agir de ratés de fabrication dont la tête est formée sur le côté de la tige et non dans son axe. Le repli servirait à corriger le problème pour recentrer la tête du clou.

Bibliographie : Blondel François, Taillandier Valérie, Pieters Maxence, Guillaumet Jean-Paul. L’utilisation du clou dans I’architecture aux IIe Ier siècles av. J.-C.: technologie, typologie,conservation, fréquence. In Actes du 40e colloque de l’Afeaf. À paraître.

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